[Sud] Planque du père Chechire

*Plus Lucille suivait les chats, plus il y en avait qui se joignaient au convoi, marchant de plus en plus droit comme appelés par quelque chose. Si on comptait, il y en avait bien une trentaine suivant cette route vers un épais brouillard blanc dissimulant de plus en plus les quartiers. Certains chats finirent par dévier, rentrer dans des trous, des cartons ou grimper à des corniches autour d'une grande yourte faite de draps multicolores et dont était tagué ou dessiné un grand chat affichant un sourire démesuré. En entrant, on pouvait sentir divers encens au cèdre, à la marijuana essentiellement, à la lavande, au citron, au mer du sud, à la rosée du matin... Bref... A peu près tous les parfums que l'on pouvait trouver à Nature et Decouverte ou encore dans un temple bouddhiste, il en brûlait d'ailleurs tout autant, mélangeant à cela un parfum de vapeur de pomme sortant d'un gigantesque narguilé qu'un grand hippie maigre à la longue barbe blanche fumait.*

*Tout les pouffes et coussins étaient occupés par minimum 5 chats, sauf un, pas très loin en face du gros barbu comme si Lucille était attendue. Il y avait du thé chaud aussi. L'avantage du thé du père de Chechire c'est qu'il soignait à peu près tout, et pour cause, il y mettait toujours un fond de cognac qui arrachait la gorge mais qui était néanmoins agréable.*

*Il parla de sa voix chevrotante entre deux ronds de fumée après que la nomade ait traversé l'entrée et heurté les 20 clochettes à la sonorité différente et ayant tiré un peu trop violemment une dizaine de chats dans leur sommeil...*

-"Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme... Hors tu ne sembles pas boiteuse mais tu avais l'air de savoir où tu allais... Hum... Quoi que... Ce Secteur est là où se retrouvent beaucoup de gens perdus dans leur route vers la survie."

"Cette odeur..."

Lucille passait la porte, plutôt pâle, et le vieux lui adressa la parole.
Il n'eut pour toute réponse qu'un mouvement de tête de la jeune fille.

"Bordel... C'est bien toi l'ancêtre ?...?"

Elle n'y croyait pas, mais en même temps sa question lui parut stupide... Il était sous ses yeux... Comment est-ce que ça aurait pu ne pas être lui ?

"T'es toujours le seul à te comprendre hein ?"

Elle s'apprêta à se servir une tasse de thé mais le regarda avant, comme pour avoir son approbation. Sa réaction, ou son manque de réaction, si quelque chose chez lui pouvait ressembler à une forme de réaction, semblait probablement se rapprocher de l'approbation, donc elle s'en servit une belle dose, dont elle but une gorgée immédiatement, afin de retirer ce goût immonde qu'était celui de sa gerbe de la bouche.

Peut être était-ce les odeurs, ou la présences familière, mais elle se sentait en sécurité.
Elle chercha un endroit pour s'asseoir et y posa ses fesses.

"Je ..."

Elle hésita un moment, et eut durant ce bref instant l'air totalement perdue.

"Je ne pensais pas revoir quelqu'un du village... bordel... pas après... enfin..."

Elle avala difficilement sa salive.

"Merde..."

Il ne restait rien en elle, à part les taches de sang, qui pouvait laisser imaginer quelle furie elle était quelques minutes plus tôt.

Elle leva vers lui des yeux à la fois tristes et extrêmement nostalgiques.

"Comment t'as survécu jusqu'ici ?"

Une autre voix, dans sa tête, lui soufflait qu'il n'avait probablement pas survécu par hasard, et qu'il fallait buter tous les fils de putes qui auraient pu trahir le village.
Mais cette autre voix était loin. Et le thé et les encens semblaient l'ettouffer au point qu'il ne s'agisse que d'un léger murmure.

*La tente était on ne peut plus voyante, remplie de chats autour, le tout enveloppé dans un épais nuage de fumée blanche qui pourrait faire repérer à des mètres à la ronde. Pourtant, en effet, chez l'ancêtre, on se sentait toujours en sécurité quoi qu'il arrivait. En règle général, il servait de psy. Il s'agissait également d'un très bon ami de Marcellus qu'il était d'ailleurs bien uns des seuls à comprendre...*

-"C'est bien moi, d'une certaine manière, et ceux qui veulent me comprendre comprennent tout court. Comment ai-je survécu? Hum... J'ai survécu à bien des choses, et en grande partie au temps. Maintenant, c'est le pouvoir de mes nouveaux amis félins qui me maintiennent en vie. Partout où tu verras des chats, tu verras le père Chechire. Partout où tu verras d'autres gens du village, tu reverras le village, car non, je ne suis pas le seul "survivant"."

*Il souffla un long nuage de fumée qui alla rejoindre le brouillard à l'extérieur et tira de nouveau sur son narguilé, lui faisant faire des bulles bruyantes. Il semblait être là comme totalement perché, mais ça ne changeait pas de d'habitude...*

Ça, Lucille l'avait immédiatement compris.
Elle s'était même quasiment brûlé l’œsophage en avalant trop vite une gorgée trop chaude, mais elle ne pouvait pas attendre pour poser sa question.

"D'autres survivants ??"

Elle le fixait, les yeux exorbités.

"Qui ???"

Et elle croisait ses doigts, et on voyait que son regard était plein d'espoir.

*Voilà quelque chose qui semblait faire plaisir à l'ancêtre. On ne savait jamais comment croire cet homme puisqu'en 17 ans d'existence, Lucille ne l'avait jamais vu ailleurs que sa yourte. Pourtant, Marcellus a toujours dit qu'il avait beaucoup voyagé. Peut-être voyait-il à travers les yeux de ses félins... C'était difficile à croire mais ça resterait logique d'un certain point de vue venant de lui. Une chose essentiel également : Chechire était unes des seules personnes en qui Marcellus avait une réelle confiance, et ça, c'était toujours bon à savoir.*

-"L'important n'est pas vraiment de savoir qui mais plutôt dans quel état..."

*Il souffla un nuage de fumée et changea de position sur son énorme pouffe. Il n'allait pas la faire poireauter plus longtemps, si elle était comme son père, elle n'aurait pas la moindre patience envers des énigmes sur des choses réellement indispensables la concernant. Lucille avait beau être une fille solitaire, il y avait des personnes en qui elle tenait. Si ces personnes mourraient, elle n'aurait plus aucun point d'équilibre.*


-"Secteur U et Secteur N la dernière fois ... Un bataillon de ce que les gens appellent des automates. On prend de très bons combattants et on les drogues à coups de lobotomie cybernétique pour en faire des machines à tuer sans sentiments. On modifie parfois leur corps afin de le rendre plus solide et moins humain. Black Hole fait la même chose mais avec de la drogue synthétique portant le même schéma moléculaire que la Toxine... Une femme à crête violine et tatouée de la Mort sème le chaos et la panique dans certains quartiers, accompagnées de d'autres automates. Mais le mental de nous autres nomades de l'extérieur est de toute évidence bien moins fragile que ceux étant nés ici. Regarde : tu t'en es sortie, toi. Et pourtant, nul n'échappe à la Toxine. Alors je ne vois que deux explications possibles : Tu connais celui qui l'a inventé et il t'a donné le seul antidote, ou alors tu as croisé la fillette dont la chaleur du sang guéri les blessures intérieures.
Quant à Marcellus, Heinrich doit tenir absolument à le faire parler sur les derniers vestiges de la confrérie de l'acier, mais connaissant ton père, il préférera se faire torturer jusqu'à ce que mort s'ensuive avant de parler. Hors, il a la plus grosse volonté de vivre qui m'a été donné de connaître."

*Il plissa des yeux en apercevant quelque chose passer à travers sa tente. Il avait entendu un miaulement différent, plus aigus et maladroit de la part de son dernier chaton, et il avait vu juste : Impossible de savoir comment elle était arrivée jusqu'ici mais Gala se tenait là, portant le chaton dans ses bras, habillée du t-shirt Anarchy 10 fois trop grand pour elle et encombrée d'un arc et plusieurs flèches. Elle reposa le chaton à terre qui se frotta contre ses jambes et commença à jouer avec.*

-"Cette fillette est un mystère même pour moi... Quant à ce chaton, je l'ai retrouvé il y a peu, mais je ne crois pas que ce soit un chat, je n'ai pas les mêmes connexion avec lui qu'avec les autres. Et bien Lucille... Je crois que tu as trouvé ton nouveau groupe !"

Un putain d'ascenseur. Voilà ce que c'était cette journée.
Bordel, quelqu'un jouait avec ses émotions. Mais elle faisait confiance à l'ermite, oui, parce que son propre père avait en lui une confiance aveugle.

"Elle est devenue comme moi ... ? Peut être pire ? Et mon père est vivant...?"

Elle se revoyait agresser Darla, puis les asiatiques... Pour rien... ?
Pourtant celà lui avait fait un bien fou ...

A la réaction de Chechire, elle se retourna. Et quelle ne fut pas sa surprise en voyant Gala !
Lucille n'en croyait pas ses yeux, elle regarda le vieux, qui avait l'air de ne s'étonner de rien.

"Bordel comment elle est arrivée jusqu'ici ??"

Puis, sans attendre la réponse se tourna vers Gala.

"Comment t'es arrivée ici ? T'es toute seule !?"

Elle n'en revenait pas. Et la gamine lui avait ramené son attirail et le t-shirt...
Alors Lucille la regardait comme une petite soeur. Et elle se dit qu'elle se devait de protéger cette gamine, même si c'est pour l'instant Gala qui lui donnait l'impression de la protéger elle...
Regarda la petite s'installer et jouer avec son chaton puis reporta son attention sur le vieux, les yeux remplis d'espoir.

"Alors j'ai une chance de les retrouver !?"

Elle reposa sa tasse.

"Enfin... je veux dire... Bordel... Je sais pas comment tu sais tout ça le vieux. J'ai jamais su en fait... Mais tu es sûr de ce que tu avances !?"

Elle passa ses mains sur son visage, et son arcade piquait, et sa pommette brûlait, mais ça ne comptait pas.

"J'ai ... J'ai vraiment une chance de pouvoir les sauver !?"

A ce moment précis, les yeux de Lucille étaient ceux d'une enfant, les yeux de celle qu'elle aurait dû être, et pas ceux de la créature emplie de haine qu'elle était devenue.

*Chechire répondit à ses réponses, un peu plus vif que d'habitude cette fois-ci... Sans-doute était parce qu'il s'était levé, son sang lui avait remonté au cerveau sans être arrêté par un nuage de fumée parfumé à la marijuana, bien que dans sa tente, TOUT était parfumé à la marijuana, même les chats...*

-"Je pense tout simplement que tu lui as manqué et qu'elle a suivit le chaton... Qui ne veut plus la lâcher d'ailleurs. Tu sais que les vrais Nomades ont parfois un familier? Tu as l'air d'avoir trouvé le tient..."

*Le gros chaton en question se défit d'ailleurs des bras de Gala qui le regardait en souriant. Le petit félin fit un "MIII" affectueux en tapotant la jambe de Lucille de sa petite pattoune... Même une psychopathe comme elle n'en resterait pas insensible.*

-"Il va falloir que tu lui donnes un nom... Sinon je sais beaucoup de choses, j'ai eu maintes vies, un peu comme les chats, et je vois dans le noir... Un peu comme les chats aussi... Après je te répondrai tout simplement que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir, alors il y a toujours une chance, mais la chance n'est pas qu'une question de hasard, c'est aussi une question de volonté à vouloir être chanceux, car personne que soit-même dirige réellement son destin..."

*Il se mit à bailler bruyamment.*

-"Bon... je crois que mes vieux os ont besoin de se reposer... Vous pouvez rester dormir ici si vous le souhaitez, vous êtes mes invités, personne ne vous trouvera ici de toute évidence, il y a autant de coussins que vous le voulez... Et de chats aussi ... Une dernière question pour la route ou je peux rejoindre le pays des songes?"

"Un familier hein... ? Ce chaton mignon comme tout me correspond vraiment ?"

Elle regardait l'animal, attendrie et pleine de surprise.

"Une gamine et un chaton... bizarre..."

Puis elle porta son attention sur Gala, puis sur le T-shirt.
Elle regardait toujours le chaton mais s'adressait au vieil homme.

"Tu te souviens, quand on était gamines avec Keira..." Elle n'avait pas l'air de réaliser que dans les faits, gamine, elle l'était encore, "quand on a trouvé ce vieil enregistrement du lac des cygnes..." Elle souriait légèrement maintenant, de manière nostalgique.
"On a dû l'écouter quoi... putain... un million de fois au moins, et on dansait dessus, comme sur la video" (bien plus mal en réalité)

Elle regardait toujours le chaton.

"Je vais l'appeler Piotr, C'était le prénom de celui qui a écrit cette merveille non ?"

Puis le vieil homme se leva pour dormir, et Lucille lui adressa une dernière requête.
"Si tu as, je veux bien des fringues... des trucs qui soient pas imbibés de sang, et un manteau ou... un poncho... quelque chose de long qui puisse me permettre de camoufler mon attirail. Je risque d'en avoir besoin, mais c'est pas franchement discret..."

Elle se leva à son tour, et s'étira. Elle, ton son corps lui hurlait de dormir.

"T'as pas une vieille histoire pour la gamine ? Comme à l'époque quoi..."

Mais c'est en vérité pour elle, par nostalgie que Lucille voulait entendre une histoire...

*Remonter les vieux souvenirs du passé avaient tendance à faire mouliner le coeur de manière assez désagréable, mais pas pour les Nomades qui aimaient se souvenir d'où ils venaient, ainsi que leurs meilleurs souvenirs d'enfance. Il rangea le narguilé et c'était comme si la fumée suivait avec celui-ci, bien que l'odeur n'était pas aussi désagréable que le vieux tabac froid d'une cigarette blonde industriel... Et puis, de toute façon, ces dernières coûtaient désormais bien trop chère. Chechire avait l'habitude de faire pousser ses plantes, des mélanges hybrides qu'à une certaine période on aurait trouvé ça toxique, mais le corps humain s'était habitué en l'an 2130 d'ingurgité des choses pas très nets, et il en était bien obligé, même si les Nomades des villages ont toujours mangé des céréales, des pommes de terres et même des légumes.*

-"Piotr Ilitch Tchaïkovski, oui... ça ira aussi avec tes lointaines origines russes, ça aurait fait plaisir à ton père. Je me souviens surtout que Keira a plutôt échangé son goût de la musique classique avec celui du deahtmetal, mais peut-être en écoutait-elle en cachette par la suite, ça je ne suis pas au courant... Des fringues?"

*Il disparu dans une pièce à côté et déplaça pas mal de trucs qui faisait du bruit comme si il déménageait tout un meuble.*

-"Un poncho, ça j'ai, oui ! Le reste ça ne sera que du sarouel ou du hakama... J'ai du bonnet péruvien aussi... Des bobs, plein de bobs ! Et en t-shirt je n'ai pas grand-chose qui ne fasse pas hippie ou Woodstock ... J'ai pas de Piotr en groupe mais j'ai quoi? ...Non tu ne vois pas ce qu'est Woodstock n'est-ce pas? Un jour je te raconterai... Alors Hendrix, les Doors, les Beatles, un truc avec un peace... pas discret ça ... Un truc avec plein de couleurs, un orange, un truc avec une feuille de cannabis, un Bob Marley, un Bob Morane, un Bob Dylan, un Bob Lennon (tiens qu'est-ce qu'il fout là celui-là? bref...), un deep purple, un led-zep... Bref, y a le choix !"

*Il avait lancé les fringues dans la tente en même temps qu'il les décrivait, Lucille avait le choix entre toute ces fringues-là de rechange qui s'entassèrent bien vite sur sa tronche. Puis il revint, rangeant les fringues que Lucille n'avait pas gardé ... Enfin... Rangé voulait dire prendre le tas et le jeter dans la pièce d'à côté.*

-"Alors... Une histoire pour la gamine hein?..."

*Bien entendu il savait très bien que la gamine en question était plus Lucille que Gala ou Piotr.*

-"Je ne t'ai pas raconté la Fable du chien et du loup n'est-ce pas? ... Et bien :
Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor. "

*La voix de Chechire avait continué pendant toute la Fable même si Gala s'était endormie au bout du 10é paragraphe contre les jambes de Lucille et Piotr dans les bras de Gala... La fatigue, la voix du vieux hippie, les émanations de drogues, certains chats qui se couchaient les uns après les autres contre eux jusqu'à former une couverture ronronnante de poils... Le tout peut-être...*

*En tout cas, au petit matin, il ne restait que Lucille, Gala et Piotr et l'inventaire de Lucille au fond d'une ruelle dans seulement quelques coussins. La tente, les chats, la fumée, l'ancêtre, tout avait disparu comme si rien n'avait existé.*

"aaaAAAAAAh TCHU !!"

L'éternuement de Lucille réveilla Gala et Piotr en sursaut. Lucille aussi cela dit, et bien à cause du boucan qu'elle fit.

"Putain de chats..."

Une seconde après, elle réalisa qu'elle n'était plus dans la tente, que l'odeur et les poils avaient disparus. Cela la fit se lever d'un bond, en se saisissant de son sabre par le fourreau, l'autre main prête à dégainer.
Puis à la sortie de l'impasse elle vit les putes, elle entendait les gémissements des bordels avoisinant, bruit d'ambiance de ce secteur.

"Que dalle... On a pas bougé, c'est lui qui est parti..."

Elle se détendit, non sans laisser transparaître sa déception.
Elle avait encore des milliers de questions à lui poser.

Au miaulement, elle vit que Piotr était resté avec eux, et cela lui fit plaisir. Et cela l'énervait que ça lui fasse plaisir. Parce que ça lui donnait l'impression d'être sensible, donc fragile.
Et fragile, son mètre soixante cinq et ses cinquante kilos toute mouillée lui donnaient suffisamment l'impression de l'être.
Elle posa un regard sur Gala qui, mal réveillée, se frotta les yeux avant de recommencer à câliner le chaton.

Parmis tous les vêtements que lui avait laissé le vieux, elle s'était contentée de lui emprunter un poncho vers kaki, trop grand pour elle et avec une capuche ainsi qu'un bob et un bonnet péruvien.

Elle s'assura que sa machette et ses flèches ne risquent pas de sortir de ses bottes, puis s'équipait de son katana en s'assurant de le dissimuler au mieux sous le poncho. Le fait qu'il soit trop grand l'arrangeait parfaitement.
Le bob était pour Gala. Hors de question de la laisser tête nue, si les pluie acides retombaient, elle ne voulait pas que la petite en souffre.
Enfin, elle accrocha le bonnet péruvien à sa ceinture par les cordons. Cela ferait un panier de transport tout à fait acceptable pour leur nouveau compagnon.

Elle s'assit en face d'elle pour le lui mettre sur la tête.

"Tu te prends pour sa grande sœur pétasse ? Elle risque juste de mourir par ta faute, comme les autres !!"

Elle lui esquissa un sourire à demi forcé, avant de lui adresser la parole.

"Va falloir que tu grimpes sur mon dos et que tu refasse la morte ma belle... Au moins le temps qu'on sorte de ce bordel"

Elle lui posa l'index sur le bout du nez pour la faire loucher.

"Tu sais faire ça non ?"

*Ce n'était pas un réveil en sursaut qu'avait fait Piotr mais un véritable bond assez puissant pour qu'il atteigne le premier étage d'un immeuble, d'accord, il s'agrippa au sommet du lampadaire en poussant une espèce de miaulement que Lucille pourrait presque comprendre comme "Mais t'es tarée d'hurler comme ça !" c'est qu'il avait l'air vif ce petit lynx ! Et il prit le temps de descendre en glissant le long du poteau.*

*La fillette s'était amusée avec ce bob, à le retourner dans tout les sens et à enfin donner des airs et quelques têtes humaines comme pour communiquer, et l'avatar de la Toxine de Lucille avait beau être le symbole-même de l'orgueil et de la colère, même elle pourrait trouver ça mignon et attendrissant ... Ce qui l'énervait encore plus au final. Mince alors, le premier mec qui demanderait l'heure à la nomade, sur un jet de résistance aux drogues foiré si en dessous de 10, il se prendrait au moins un gnon ! D'ailleurs, ça faisait bien 24h qu'elle n'avait pas eu sa dose, elle pourra sentir son organisme relativement en manque et une espèce d'effet secondaire de dépression arriver sur sa vie, elle, et ce qui pouvait lui arriver ... Un truc de fille quoi, oui, de FILLE ... En parlant de ça, n'aurait-elle pas ses périodes ce mois-ci? Détail peut-être mais néanmoins indispensable : il faudra aussi lui trouver un tampon.*

*Comme Lucille a pu le constater une première fois en arrivant dans ce Secteur, faire la morte, c'est ce que Gala savait faire de mieux, et elle en eut la certitude de nouveau. La gamine se contenta de hocher la tête et tomba raide sur le sol, comme si elle avait été frappée d'un poison violent qui hoterait la vie de sa victime en une fraction de seconde avant qu'il ne s'en aperçoive. Lucille elle-même s'était demandé si ce n'était pas ce qu'il venait réellement de se passer, mais non. Gala ressemblait à un cadavre, son teint avait même viré en un blanc livide très inquiétant, pourtant, elle semblait respirer... D'une fréquence et avec un rythme particulier, mais respirer quand-même.*

*La troupe se mit en route...*

[Suite ici]